Jardins dans les mythes Antiques Européens

Le jardin des Hespérides

Dans la suite de nos cycles d’articles thématiques, nous vous proposons d’ouvrir une nouvelle approche sur la culture antique des jardins en Europe. Fruit de la collaboration de plusieurs membres paradésiens, l’ouverture du sujet revient à Michel Cazenove et Florian Charlemaine, sur un des mythes primitifs fondateur de la culture grecque, autour du jardin des Hespérides.

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Le Jardin des Hespérides était un lieu merveilleux, à la fois jardin et verger, où poussait  un pommier aux fruits si brillants qu’on les disait faits d’or, les fameuses pommes d’or du Jardin des Hespérides. Ce jardin était décrit dans des oeuvres antiques que nous avons perdues (notamment l’Héraclée de Pisandre) qui racontaient la totalité de la vie d’Héraklès. L’épisode des pommes d’or du Jardin des Hespérides se situe pendant le onzième des travaux d’Héraklès. En effet, après avoir effectué dix travaux avec succès, le héros est encore obligé d’en effectuer deux de plus :

  • Rapporter les pommes d’or du jardin des Hespérides
  • Descendre aux Enfers et enchaîner Cerbère le chien aux trois têtes

Mais de ce jardin, dont aucun mortel ne connaissait l’emplacement (on ne connaît absolument aucune description dans les Mythes), ce sont apparemment les fameuses pommes qui semblent en être le principal intérêt. Les pommes d’or étaient des fruits sacrés offerts en cadeau de mariage par Gaïa (la Terre) à Héra (l’épouse de Zeus) c’est elles qui firent de ce verger un lieu sacré et protégé.

Le thème du jardin merveilleux est repris par Apollodore (historien grec, vers 150 av. J.C.) qui nous raconte le voyage d’Héraklès au jardin des Hespérides. Ce lieu doit son nom aux Hespérides, Nymphes du couchant et filles d’Atlas auxquelles la Déesse Héra avait confié l’entretien du jardin. Une tâche dont elles s’acquittent avec l’aide du féroce gardien des lieux, le Dragon Ladon.

Elles habitent dans un jardin situé à l’extrême Ouest du monde connu. Gibraltar est cette extrémité, au-delà de laquelle on entre dans le monde inconnu de l’Océan.

L’Océan marque pour les Grecs les limites du monde habité. Sa mention comme seuil detéléchargement (2) l’Au-delà apparaît donc fondamentale. Les Hespérides donc sont chargées de surveiller un arbre qui porte des pommes d’or sensées donner l’immortalité à celui qui s’en emparera. Héraklès donc arriva jusqu’à ce jardin et il demanda à Atlas de cueillir les pommes pour lui.

Atlas aurait fait vraiment n’importe quoi en échange d’une heure de répit, mais il redoutait Ladon qu’Héraklès alors tua d’une flèche tirée par-dessus le mur du jardin. Héraklès s’était donc baissé pour recevoir le poids du globe terrestre sur les épaules et Atlas était parti; il s’en revenait à présent avec trois pommes cueillies par ses filles. Il NAMA_Héraclès_&_Atlastrouvait que la liberté était bien agréable et il décida de porter lui-même les pommes à Eurysthée, à condition qu’Héraklès porte la terre pendant quelques mois encore. Héraklès fit semblant d’accepter, mais comme il avait été prévenu par Nérée de n’accepter aucune proposition de ce genre, il pria Atlas de reprendre le globe pendant un instant, afin de mettre un coussinet sur sa tête. Atlas, facilement trompé, posa les pommes sur le sol et reprit son fardeau, Héraklès alors les ramassa et s’éloigna en lui faisant un petit salut ironique.

A quelques mois de là, Héraklès apporta les pommes à Eurysthée qui les lui rendit. Il les offrit alors à Athéna qui les restitua aux nymphes, car il était interdit que la propriété d’Héra leur fût enlevée.

On trouve dans ce mythe trois thèmes principaux :

  1. Le jardin merveilleux, symbole d’une fécondité primordiale au sein d’un printemps éternel
  2. Le rapport entre la vie et la mort : ce jardin est une frontière entre le monde connu et l’au-delà, mais aussi entre l’immortalité des dieux et la nature mortelle des hommes. Héraklès vient saisir l’immortalité sous la forme des pommes pour ainsi dire miraculeuses
  3. La quête des pommes place Héraklès au niveau des dieux, mais finalement les pommes sont restituées aux Hespérides parce qu’il n’est pas permis à un homme d’accéder à l’immortalité

Pour conclure :

Ce thème grec du jardin merveilleux pourrait bien avoir des origines babyloniennes. A noter, par ailleurs, que le jardin primordial représente un univers ambigu, envahi d’un rapport entre le divin et le mortel, entre la vie et la mort. Le jardin devient ainsi l’accès à un Au-delà inaccessible à l’homme. Il constitue un des marqueurs essentiels de l’importance symbolique du jardin dans les cultures européennes.

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