Chaque année, l’épuisement du stock de ressources naturelles que la planète peut produire en douze mois intervient de plus en plus tôt. L’organisation non gouvernementale Global Footprint Network a en effet estimé qu’en 2018 notre consommation « à crédit » commencerait le 1 août.
Cette date s’est progressivement décalée au fil des années : ainsi en 8 ans, elle est passée de fin septembre à début août (le 8 août l’année dernière, le 13 août en 2015, le 19 août en 2014, le 20 août en 2013, le 22 août en 2012, le 27 septembre en 2011, le 21 août en 2010 et le 25 septembre en 2009). Pour comparaison, en 1992, ce jour était survenu le 21 octobre tandis qu’en 2002, l’ONG l’estimait au 3 octobre. La bascule vers la surconsommation aurait débuté au milieu des années 70.
Cet outil d’alerte a été conçu par Andrew Simms du think tank britannique « New Economics Foundation ». Il repose sur le calcul suivant : la division de la biocapacité mondiale (les ressources écologiques que la Terre est capable de générer en un an) par l’empreinte écologique mondiale (la demande annuelle de l’humanité), multipliée ensuite par le nombre de jours dans une année (365).
5,2 terres pour une consommation mondiale comme l’Australie
Dans le palmarès des pays qui creusent leur dette écologique figure en première position l’Australie. Si la population mondiale vivait comme cette dernière, il faudrait 5,2 terres pour assurer l’ensemble de ses besoins. Elle est suivie des Etats-Unis (5 planètes), la Corée du Sud (3,4), la Russie (3,4), l’Allemagne (3,2), la Suisse (3,1), la France et le Royaume-Unis (3). Les plus sobres du classement de l’ONG restent les Indiens avec 0,6 planète. Au final, au niveau mondial, les besoins requièrent l’équivalent de 1,7 planètes.
En cause : la surpêche, la surexploitation des forêts et l’émission de plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que les forêts ne peuvent séquestrer.
Global Footprint Network considère qu’à l’heure actuelle, les émissions de carbone représentent 60% de l’empreinte écologique de l’humanité. Pour l’ONG toutefois, ce constat implique aussi que réduire de moitié ces dernières permettrait de repousser d’environ trois mois le jour du « dépassement ». Cette baisse entraînerait une dette écologique moins colossale : un besoin de 1,2 Terre contre 1,7 aujourd’hui.
« Notre planète est limitée, mais les possibilités humaines ne le sont pas. Vivre selon les moyens que nous accordent notre planète est technologiquement possible, financièrement bénéfique et notre seule chance pour un avenir prospère. Tout l’enjeu est de faire reculer la date de la Journée du dépassement mondial, souligne Mathis Wackernagel, PDG du Global Footprint Network. L’empreinte carbone de l’humanité a plus que doublé depuis le début des années 1970 et reste le moteur le plus puissant creusant l’écart entre l’empreinte écologique et la biocapacité de la planète« .
Les solutions existent déjà
L’ONG s’appuie notamment sur les résultats du projet Drawdown qui regroupe différents experts tels que des géologues, des ingénieurs, des agronomes, des chercheurs, des climatologues, des biologistes, etc. Ces derniers se sont penchés sur les solutions existantes pour réduire les émissions de CO2. Parmi les pistes qui permettraient une importante réduction du CO2 atmosphérique en 2050 figurent : une meilleure gestion des frigorigènes (89,74 tonnes d’équivalent CO2), le développement des éoliennes terrestres (84,6), la réduction du gaspillage alimentaire (70,53), une alimentation riche en plantes (66,11) et une préservation de la forêt tropicale (61,23).
L’ONG met également en avant une autre étude publiée en 2010 de McKinsey & Company’s « Pathways to a Low-Carbon Economy« . Celle-ci considère qu’il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre et contenir le réchauffement climatique à 2°C, si toutes les grandes régions du monde et secteurs prennent des mesures ambitieuses.
« Les opportunités peuvent être regroupées en trois catégories de mesures techniques : l’efficacité énergétique, la production d’énergie sans carbone et les réserves de carbone terrestre, indique le rapport. Capter ce potentiel sera un défi majeur: il faudra des changements à grande échelle : une forte action et un engagement intersectoriel, un solide cadre politique. Bien que les coûts et les investissements semblent faciles à gérer au niveau mondial, ils risquent d’être difficiles pour les secteurs individuels »